La cordonnerie

Depuis plusieurs décennies, Sfax est devenue la capitale de la chaussure et les cordonniers-savetiers sfaxiens d’habiles maîtres artisans. La chaussure sfaxienne a en effet conquis depuis plusieurs décennies les marchés des pays du Maghreb et ceux d’Afrique subsaharienne, mais fait remarquable, une grande part de la production est actuellement le résultat d’une intelligente association entre artisanat et usinage.

La cordonnerie

Depuis plusieurs décennies, Sfax est devenue la capitale de la chaussure et les cordonniers-savetiers sfaxiens d’habiles maîtres artisans. La chaussure sfaxienne a en effet conquis depuis plusieurs décennies les marchés des pays du Maghreb et ceux d’Afrique subsaharienne, mais fait remarquable, une grande part de la production est actuellement le résultat d’une intelligente association entre artisanat et usinage. Les documents historiques attestent que la cordonnerie sfaxienne a connu une réelle prospérité des siècles durant, surtout au XVIIIe et à la première moitié du XIXe, et que la belgha sfaxienne était exportée par voie maritime aux pays du Levant, surtout en Egypte, et au Hedjaz en Arabie où les pèlerins sfaxiens la troquaient contre d’autres marchandises venues d’Asie. Installée jadis à souk el-oqba en médina, (le terme oqba désigne le quartier de la chaussure), cette activité a envahi le tronçon nord de l’actuelle rue Monji Slim, appelé désormais souk des blèghjiya, c’est-à-dire fabricants de belgha et a empiété sur une bonne partie de l’espace résidentiel médinal, transformant les habitations en ateliers de fabrication ou en dépôts pour la matière première. Cela a engendré une concentration horizontale de cette activité qui fonctionne en système groupant toutes les branches de ce secteur, de la matière première au commerce du produit fini. La belgha qui tend aujourd’hui à disparaître est une sorte de mule en cuir, à pointe fermée et plus ou moins arrondie, à semelle plate, sans talon ni garants, ces ailettes qui servent au laçage des chaussures, et dont le quartier est rabattu, ce qui aide à la chausser avec aisance. Sa tige est en chevreau, la semelle en peau de chameau ou de bœuf et la doublure en peau de mouton tannée (basane). Assis sur un tabouret à piètement en bois d’olivier et à assise en tressage de cordelettes d’alfa, et se servant d’une planche posée à même ses genoux, l’artisan commence par façonner puis découper aux ciseaux les différentes pièces qui composent la tige de la chaussure, notamment l’empeigne et le quartier, dans un cuir en chevreau teint de la couleur voulue. Ensuite, il entreprend de façonner et de couper de la même manière la doublure correspondante (btâna) en basane de couleur naturelle beige. Tige et doublure (ch’ghol) sont alors cousues puis montées sur un embauchoir (qâleb) qui est une sorte de moule en bois, en forme de pied, servant à faciliter l’opération du montage de la semelle. A l’aide d’une pince à monter, le cordonnier étire la tige pour la relier à la semelle par collage et cloutage de semence, puis pour une bonne adhérence, il bat cette semelle ainsi montée au moyen d’un marteau réservé à cet effet, sur une enclume universelle en fer, enfourchée sur un socle en bois qu’il maintient entre ses genoux. L’ébauche est ensuite, affinée à l’aide d’un tranchet (techfir) ; Il ne reste plus qu’à laisser la belgha sécher et prendre forme sur l’embauchoir. Les blèghjiya de Sfax fabriquaient aussi un autre type de chaussure traditionnelle à quartier rabattu, mais pourvue d’un talon quoique très bas et d’une semelle plus épaisse ; il s’agit de la kuntra, plus luxueuse et plus distinguée, portée autrefois par les hommes de la classe aisée, à la place de la belgha lors des grandes occasions, avec la jebba traditionnelle.

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