La ville de Sfax, cité de tolérance et de convivialité, abritait autrefois trois églises appartenant aux différentes confessions de la religion chrétienne: catholique, orthodoxe et réformée ; seule la dernière continue de fonctionner. La première cathédrale de Sfax fut édifiée en 1940 ; elle se distinguait par son double clocher à flèche, mais elle fut bombardée et totalement effacée quelques années plus tard (1943). Nonobstant, les cartes postales et les photos de souvenir en ont immortalisé le souvenir. Il faut attendre une dizaine d’années, pour voir une nouvelle église catholique ouvrir son monumental portail aux fidèles. Fait nouveau à Sfax, l’architecture de cet édifice construit en béton banché, arbore ostensiblement son modernisme. Il s’agit d’une grande salle neutre, couverte d’une immense voûte en berceau surbaissée, alors que les murs d’une hauteur considérable, en sont ponctués par des rangées verticales de petits vitraux coloriés. Des panneaux de mosaïque à thèmes religieux surmontent les linteaux des portes des cellules et dépendances. Quelques marches mènent au chœur où l’autel, de même style novateur, est formé d’une table oblongue en béton montée sur supports faits dans le même matériau ; un immense vitrail polychrome, en forme de cercle, représentant une scène hiératique surplombe cette plate-forme. Cet agencement tranche avec la forme courante des églises latines formées successivement du narthex, de la nef, du transept et de l’abside. Désormais considérée comme un monument historique appartenant au patrimoine architectural national du XXe siècle, cette église sera convertie en centre culturel et en une bibliothèque multimédia, à l’occasion de la manifestation faisant de la ville de Sfax la « capitale de la culture arabe » en l’an 2016. Très tôt, dès les premières années du protectorat, une première église réformée a été construite à Sfax en 1895. Telle qu’elle apparaissait sur les anciens documents photographiques, il s’agissait d’un bâtiment à deux niveaux, dont la façade était surmontée d’une grande croix coiffant un fronton triangulaire, cerné d’une ligne en dents de scie. En 1943, cet édifice croula lui aussi sous les bombardements de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, à l’angle de la rue Dag Hammarskjöld et la rue d’Athènes, là ou un bel immeuble à style éclectique mêle l’art nouveau au gothique, un modeste bâtiment, reconnaissable à la croix qui couronne la porte, fait office de sanctuaire protestant. Les façades sur rue de cet édifice à deux niveaux construits sur des soubassements surélevés, comportent de hautes fenêtres fermées par des claustras en briques rouges. De cet immeuble, se dégage une sensation d’austérité mêlée de sobriété et d’humilité.