L’hôtel de ville

Au croisement des deux principales artères qui structurent le nouveau quartier colonial ou européen de la ville de Sfax, à savoir l’actuelle avenue Habib Bourguiba, baptisée jadis avenue Jules Gau, et l’avenue de la République aujourd’hui Hédi Chaker, les autorités édilitaires décidèrent d’ériger un hôtel pour abriter les bureaux et services de la municipalité nouvellement créée en 1884, à peine trois ans après la date de l’instauration du protectorat.

L’hôtel de ville

Au croisement des deux principales artères qui structurent le nouveau quartier colonial ou européen de la ville de Sfax, à savoir l’actuelle avenue Habib Bourguiba, baptisée jadis avenue Jules Gau, et l’avenue de la République aujourd’hui Hédi Chaker, les autorités édilitaires décidèrent d’ériger un hôtel pour abriter les bureaux et services de la municipalité nouvellement créée en 1884, à peine trois ans après la date de l’instauration du protectorat. Cette institution qui signifiait sans doute une main mise sur le territoire, entreprit dès lors de gagner de l’espace extramuros, par le remblaiement de la mer, de gérer l’extension urbaine ainsi générée et de pourvoir la nouvelle cité des infrastructures modernes : eau potable, électricité, réseau d’évacuation… Des écoles furent bâties, ainsi que des magasins et boutiques de commerce, des services administratifs, des banques, de même que des hôtels, des cafés et restaurants. Mais cette sollicitude ne toucha que sporadiquement la médina. En tout état de cause, la première tranche de l’hôtel de ville entamée en 1905, fut ouverte l’année suivante et la totalité du bâtiment en 1942 ; ce fut une merveille de l’architecture dite arabisante. Raphael Guy directeur des travaux publics, était l’architecte qui en dessina les plans, initiant un nouveau style qui s’inspirait du legs architectural local relu selon le prisme de la modernité, et qui gagna les villes de Tunisie, d’Algérie et du Maroc. En fait, C’est tout ce vocabulaire décoratif et parfois structurel, puisé dans le lexique local, qui a fait la splendeur de l’architecture arabo- musulmane, et qui est réinterprété avec autant de sagacité que de raffinement par l’architecture coloniale. L’Hôtel de Ville de Sfax épouse une forme quadrangulaire qui délimite une cour ouverte côté sud. Les deux ailes latérales sont reliées par un bâtiment qui constitue le corps central de l’édifice dont la façade principale est rehaussée par les encadrements en pierre calcaire appareillée de la porte principale et des fenêtres, ainsi que par des moulures, consoles et corniches qui font corps avec le massif dans le plus pur style arabisance. Surmontant le hall d’entrée, une coupole à cannelures rappelle celle de la mosquée Oqba à Kairouan et dévoile la franche intention de vouloir s’inscrire dans la tradition de l’architecture religieuse locale. A l’angle nord-est du bâtiment, un minaret-clocher à base octogonale érige son corps dont la partie supérieure est équipée d’une horloge qui fonctionne encore et qui est reliée à la cloche installée dans le lanternon et qui sonne tous les quarts d’heure. Faisant face à l’entrée, un escalier monumental taillé dans le marbre conduit vers l’unique étage qui est réservé à l’administration, alors que sur le hall pavé de mosaïques d’époque romaine, ouvrent les salles du musée archéologique qui présente aux visiteurs des objets mis au jour à la faveur des fouilles qui ont été entreprises dans la région sfaxienne, notamment sur les sites de Thyna et de la Skhira. Les escaliers débouchent sur un second hall d’où l’on peut admirer le riche décor floral et géométrique sculpté qui orne la coupole de l’intérieur. De là, on accède aussi à deux grandes salles, appelées aujourd’hui respectivement « salle du conseil » et « salle des contrats », qui se distinguent par leur plafonds peints et leurs peintures murales.

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